L’Anses a publié en octobre les résultats de son analyse des techniques utilisées dans un objectif d’épuration de l’air intérieur reposant sur les principes du plasma, de la catalyse et photocatalyse, de l’ozonation et de l’ionisation. Ces dernières années, sont en effet apparus sur le marché des équipements revendiquant des propriétés d’épuration de l’air intérieur, ou encore des matériaux de construction et décoration « dépolluants » destinés au piégeage ou à la destruction de nombreux contaminants chimiques et microbiologiques de l’air intérieur. Dans son expertise, l’Agence souligne que les données disponibles ne permettent pas de démontrer l’efficacité et l’innocuité en conditions réelles d’utilisation des dispositifs d’épuration de l’air intérieur reposant sur ces technologies. Elle rappelle par ailleurs que pour réduire l’exposition aux polluants de l’air intérieur, il convient en priorité de limiter les émissions à la source, d’aérer et de ventiler les espaces intérieurs des bâtiments.
L’environnement intérieur offre une grande diversité de situations d’exposition à de nombreux contaminants chimiques et microbiologiques, dont les conséquences sur la santé varient, notamment selon la nature des polluants, les caractéristiques des expositions, etc.
Ces dernières années, le marché de l’épuration de l’air intérieur se développe avec la commercialisation d’équipements revendiquant des propriétés d’épuration de l’air intérieur sous forme d’appareils autonomes, ainsi que des matériaux de construction et de décoration mettant en avant des propriétés dépolluantes. Ces dispositifs et produits sont destinés à l’ensemble de la population, mais peuvent cibler particulièrement les sujets sensibles ou sensibilisés, comme par exemple des personnes asthmatiques ou allergiques. Cependant, la question de leur efficacité, et surtout celle de leur innocuité, est régulièrement posée.
Dans ce contexte, l’Anses s’est autosaisie afin d’identifier et d’analyser les nouvelles techniques d’épuration de l’air intérieur. L’objectif de ces travaux était d’évaluer l’impact de l’utilisation de plusieurs de ces dispositifs sur la qualité de l’air, en d’autres termes, d’analyser les polluants effectivement traités, mais aussi d’identifier les polluants potentiellement émis par ces dispositifs.
Conclusions et recommandations de l’Agence
L’Agence rappelle tout d’abord que pour réduire l’exposition aux polluants de l’air intérieur, il convient en premier lieu de limiter les émissions à la source, d’aérer et de ventiler les espaces intérieurs des bâtiments.
Au regard des résultats de son expertise, l’Anses souligne que, d’une façon générale, les données scientifiques collectées et analysées ne permettent pas de démontrer l’efficacité et l’innocuité en conditions réelles d’utilisation des dispositifs d’épuration de l’air intérieur fonctionnant sur les principes de la catalyse ou photocatalyse, du plasma, de l’ozonation ou de l’ionisation.
L’Agence recommande la mise en place d’une certification des dispositifs d’épuration de l’air intérieur, les essais devant être conduits dans les conditions les plus proches possibles des conditions d’utilisation de ces dispositifs.
Concernant le cas particulier des sprays revendiquant une action biocide, l’Anses recommande, lors de l’évaluation de ces produits dans le cadre du processus d’autorisation de mise sur le marché de produits biocides, de porter une attention particulière aux données scientifiques relatives aux effets sanitaires liés à l’inhalation de composés organiques volatils (COV), naturels ou de synthèse, émis par ces sprays. En effet, plusieurs des COV (COV terpéniques par exemple) émis par ces dispositifs peuvent avoir potentiellement des effets nocifs sur la santé.
La question de l’émission de nanoparticules par certains dispositifs d’épuration de l’air, notamment ceux utilisant la photocatalyse, s’est également posée lors de l’expertise. Des recherches complémentaires sur l’émission de nanoparticules dans l’air par les matériaux photocatalytiques, notamment lors de leur vieillissement, sont à conduire, ainsi que l’étude de leur innocuité.
L’Agence recommande en outre d’informer la population que l’utilisation de certains dispositifs d’épuration (ozonation, plasma, froid,…) peut entraîner une dégradation de la qualité de l’air intérieur suite à une dégradation incomplète de polluants conduisant à la formation de composés potentiellement plus nocifs que les composés faisant l’objet d’un traitement.
Une attention particulière doit aussi être portée aux personnes asthmatiques, du fait d’une possible aggravation de leur pathologie lors de la mise en œuvre de tels dispositifs, en particulier les sprays « assainissants » ou les appareils pouvant générer de l’ozone.
Enfin, l’Agence souligne la nécessité de conduire des travaux sur l’impact sanitaire lié à l’usage d’huiles essentielles qui peuvent être présentes dans de multiples produits de consommation courante.
Source : anses.fr