Un enfant sur trois est ou sera touché par une pathologie allergique selon le docteur Jarlot-Chevaux, allergologue spécialisée dans les allergies de l’enfant à la polyclinique de Gentilly à Nancy.
Selon la société française d’allergologie, 25% des Français sont aujourd’hui allergiques. Cela pourrait monter à 50 % d’ici 2050 notamment à cause du réchauffement climatique. Avec des hivers plus doux et humides cela favorise l’apparition d’allergies respiratoires. Chez l’enfant, les allergies sont aussi de plus en plus fréquentes. Interview avec le docteur Sophie Jarlot-Chevaux de la polyclinique de Gentilly à Nancy :
Quelles sont les causes de cette augmentation des allergies chez l’enfant ?
« C’est multifactoriel. On sait qu’il y a des gènes de prédisposition qui se transmettent et qui s’expriment plus facilement sous effet de l’environnement notamment la pollution ou le climat. Ces gènes vont être de plus en plus exprimés et on voit exploser les pathologies allergiques : eczéma, asthme, allergies alimentaires ou rhinites allergiques au pollen par exemple. On jusqu’à 30 % de pathologies allergiques chez les enfants dans la population générale. »
Quels sont-les signes qui peuvent pousser les parents à aller consulter ?
« Cela peut être multiple : des sifflements répétés, des difficultés à respirer, des crises d’asthme. Ou le nez et les yeux qui se mettent à couler ou à gratter de manière saisonnière ou toute l’année. Il y a aussi des signes immédiats après avoir mangé un aliment : des vomissements ou des gonflements. On peut avoir un eczéma rebelle, difficile à traiter, diffus. Enfin des difficultés avec la croissance d’un bébé : beaucoup de régurgitations, des troubles de la digestion ou du transit. »
Soigne-t-on une allergie chez un enfant comme pour un adulte ?
« Concernant les allergies alimentaires comme le lait, le blé ou l’œuf, elles vont spontanément évoluer vers une guérison, c’est rare de les voir persister, dans ce cas-là on va les aider à guérir. Quand on a une allergie aux acariens ou au pollen on va très précocement proposer une désensibilisation si les symptômes sont sévères pour éviter d’évoluer vers un asthme. La désensibilisation est assez simple, ce sont des petites gouttes à mettre sous la langue. »
En France, le diagnostic d’une allergie chez l’enfant reste-il trop tardif ?
« Je pense que le personnel médical est de plus en plus sensibilisé et les allergies chez l’enfant sont détectées de plus en plus tôt. Mais c’est quand même chez l’enfant que la prévalence des allergies explose et il faut être très attentif dans cette tranche d’âge. C’est essentiel de les dépister le plus tôt possible. On voit parfois des enfants avec des eczémas très très avancés ou une croissance très altérée parce que le diagnostic d’allergie a été évoqué très tard, mais je pense que de plus en plus les gens sont sensibilisés et cela reste rare. »
Source : France Bleu
Par : Mélanie Juvé France Bleu