Allier tourisme et science : telle est la vocation du Ballon Air de Paris. Installée dans le parc André Citroën dans le 15e arrondissement de Paris, cette montgolfière de 22 mètres de diamètre et de 32 mètres de hauteur (soit l’équivalent de 10 étages) s’élève à 150 mètres dans les airs, mais reste reliée au sol.
Elle n’offre pas seulement la possibilité de profiter d’une belle vue sur les monuments de la capitale ou d’apprendre aux enfants comment fonctionne un ballon à hélium. Elle accomplit aussi une mission scientifique. Equipée d’ampoules LED alimentées par un textile photovoltaïque fixé à son sommet, l’aéronef informe en temps réel de la qualité de l’air mesurée à partir des seize stations Airparif installées à Paris. Deux séries de pictogrammes – des immeubles et des voitures – dessinés sur son enveloppe indiquent, par une palette de couleurs allant du vert au rouge, le niveau de pollution selon que l’on est proche ou non du trafic automobile.
PARTICULES ULTRAFINES
Depuis le printemps 2013, cet aéronef qui accueille chaque année 60 000 visiteurs est devenu un véritable laboratoire volant d’analyse de la composition de l’air. A son bord, un LOAC (Light Optical Aerosol Counter), petit appareil laser mis au point en partenariat avec une équipe du CNRS, qui comptabilise les particules de 10 micromètres (PM10) jusqu’à un micromètre (PM1), et même celles de 200 nanomètres (PM0,2), particules ultrafines très rarement mesurées et pourtant les plus dangereuses pour la santé.
Cet instrument de mesure très léger d’à peine 250 grammes est aussi capable de préciser la nature des polluants selon l’altitude, de déterminer s’il s’agit de simples poussières venant par exemple des chantiers, ou de rejets de chauffage ou de gaz d’échappement. « Le LOAC mesure précisément la répartition des particules à différentes altitudes. Il fournit ainsi une véritable carotte de l’air de Paris de 0 à 150 mètres », explique Jérome Giacomoni, cofondateur d’Aérophile SAS, entreprise conceptrice et gestionnaire du Ballon Air de Paris.
COUCHES DE POLLUTION
Sur les graphiques tirés des données captées par le LOAC, on peut voir que, quelle que soit la météo, les particules inférieures à 1 micromètre sont au moins mille fois plus nombreuses que celles supérieures à 2,5 micromètres. « Lors du pic de décembre 2013, on traversait des couches de pollution ; lors de celui de mars 2014 qui était deux fois plus fort, la pollution diminuait moins vite en altitude », souligne Jean-Baptiste Renard, directeur du Laboratoire de physique et de chimie de l’environnement et de l’espace (LPC2E) du CNRS. « Chaque épisode de pollution est particulier et a ses spécificités liées à la météorologie », insiste le chercheur qui publiera en septembre les enseignements d’une année d’observation de l’air parisien.
Classées en octobre 2013 « cancérigènes certains » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les particules fines sont à l’origine de nombreuses maladies : bronchite chronique, asthme, cancer du poumon, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde. Plus elles sont fines, plus les particules sont dangereuses pour la santé, pénétrant jusque dans les vaisseaux du cœur.
« Ballon Air de Paris est une nacelle extrêmement légère, très peu polluante, tient à préciser Jérome Giacomoni. Elle consomme une faible quantité d’énergie. Son treuil est entraîné par un moteur équivalent à celui d’un ascenseur de trente personnes. »
Source : Le Monde