A Londres, depuis mercredi, les «Pigeons air Patrol» permettent de calculer le taux de pollution des différents quartiers de la capitale grâce à des GPS et des capteurs accrochés aux dos de pigeons.
«Une technologie qui permet de savoir exactement ce que l’on respire», voilà comment Romain Lacombe, l’ingénieur français fondateur de Plume Labs, décrit l’innovation proposée par sa start-up. Avec Pierre Duquesnoy, directeur créatif de l’agence DigitasLBi spécialisée dans le domaine du digital, ils sont à l’origine des «Pigeons air Patrol», des équipes d’oiseaux lâchées en pleine ville et équipés de GPS et de capteurs miniatures qui mesureront les niveaux d’ozone, de dioxyde d’azote et de composés organiques volatils (COV) de Londres au cours des prochains mois.
Sur le site Pigeonairpatrol.com, on peut suivre la progression de 12 pigeons en temps réel dans les différents quartiers de la capitale britannique. Plume Labs recrute aussi depuis le début de la semaine une centaine de clients volontaires pour tester ce nouveau système en finançant eux-mêmes les capteurs. Plus de 68 londoniens ont déjà accepté de participer à l’expérience en achetant leurs places sur un site de financement participatif pour des sommes allant de 100 à 126€. Ainsi, joggeurs, cyclistes ou piétons pourront vérifier quels quartiers sont les plus pollués et quels seraient les meilleurs horaires pour pratiquer leurs hobbies d’extérieur sans subir une mauvaise qualité de l’air.
«Comprendre en détails la pollution de l’air en ville»
C’est en partenariat avec le réseau Twitter qui propose de «poser sa question» à un pigeon etl’Imperial College London qui analysera les premières données répertoriées que Romain Lacombe (Plume Labs) et Pierre Duquesnoy (Digitas LBi) lancent cette opération. «Les moniteurs personnels ont un vrai potentiel pour nous aider à comprendre la pollution de l’air en ville, et avec détails (…)» explique une autre française, le Docteur Audrey de Nazelle, du Centre de Politique environnementale de l’Imperial College de Londres. «Il y a aussi une dimension personnelle. On espère que les gens penseront plus à leur propre contribution et exposition, et aux effets de leurs comportements sur leurs propre santé».
Un spécialiste de l’Open Data
Interrogé par Le Figaro ce jeudi, en plein lancement de son nouveau projet à Londres, Romain Lacombe, polytechnicien, explique que son équipe a été repérée par Digitas LBi au moment de la COP21. Plume Labs proposait alors une carte de la pollution dans le monde calculée à partir de prévisions mathématiques. «On travaillait avec le CNRS et on avait développé un système de capteurs assez puissants pour calculer le taux de pollutions mais il nous fallait des volontaires pour les tester dans une zone géographique précise» explique le fondateur de l’application écologiste. Spécialisé dans l’Open Data, le jeune ingénieur a travaillé de 2011 à 2014 auprès du premier ministre français pour développer les systèmes de transmissions de données publiques, c’est ce qui lui a inspiré la transmission de données tournées vers l’environnement: le taux de pollution des villes. «Notre application, Plume Air Report, basée sur des calculs prévisionnels, a été téléchargé plus de 100.000 fois dans 40 pays différents et plus de 300 villes».
A propos de son nouveau projet londonien, Romain Lacombe explique que c’est l’Imperial College qui étaient intéressé par une cartographie précise de la pollution dans la capitale, et c’est en réalisant la légèreté des capteurs que l’idée est née d’équiper des volontaires humains mais aussi des oiseaux. «On voulait bien sûr s’assurer qu’on ne ferait pas de mal aux pigeons, on travaille donc avec un vétérinaire et il a été prouvé que nous ne leur causions aucun tort» explique le manager du projet.
Selon une étude du King’s College datée de 2015, la pollution de l’air serait en cause dans le décès de près de 9.500 Londoniens chaque année, et certaines analyses affirment que la pollution cause, dans le monde, plus de décès que le tabac ou l’obésité, avec 7 millions de victimes. A propos de l’avenir des «Pigeons Air Patrol», Romain Lacombe assure que le projet à vocation à se développer «On veut voir la réaction des gens, leur attitude par rapport à la pollution, mais on veut bien entendu, dans le futur, lutter contre la pollution d’abord en Europe, aux Etats-unis mais aussi en Chine, en Inde…»
Source – Le figaro – http://www.lefigaro.fr/sciences/